Au cœur du désert du Sahara, la ville de Béchar se dresse comme une oasis de culture et d’histoire. Anciennement connue sous le nom de Colomb-Béchar durant la période coloniale française, cette cité fascinante est aujourd’hui le chef-lieu de la wilaya de Béchar en Algérie. Située à 1 150 km au sud-ouest d’Alger, Béchar offre aux visiteurs un mélange unique de traditions sahariennes et de modernité. Dans cet article, nous explorerons en profondeur les multiples facettes de Béchar, de son riche passé à son présent dynamique, en passant par ses paysages à couper le souffle et sa culture vibrante.
Histoire et origines de Béchar
L’histoire de Béchar remonte à des temps immémoriaux, mais c’est surtout à partir du début du 20e siècle que la ville prend son essor. Plongeons dans les origines et l’évolution fascinante de cette cité saharienne.
Des origines légendaires
Selon les traditions locales, le nom « Béchar » aurait une origine plutôt poétique. Une légende raconte qu’un voyageur aurait un jour présenté au bey de la région une outre remplie d’eau cristalline provenant d’une source qu’il venait de découvrir dans la vallée de Zousfana. Impressionné par cette bonne nouvelle, le bey aurait alors surnommé l’explorateur « El Bechar », signifiant « celui qui apporte une bonne nouvelle » en arabe. Ce surnom se serait par la suite étendu à toute la région.
Une autre version de la légende, rapportée par l’écrivain Mohamed Ould Cheikh dans son roman « Myriam dans les palmes » paru en 1936, suggère que le nom proviendrait du fait que le site du ksar de Tagda était un lieu important où les courriers des régions avoisinantes venaient recueillir des nouvelles. Le qualificatif « Béchar » aurait ainsi été donné pour désigner cet endroit comme « celui qui apporte la bonne nouvelle ».
L’époque ottomane
Bien que les détails historiques précis soient rares pour cette période, on sait que la région de Béchar faisait partie de la sphère d’influence de l’Empire ottoman au 18e et au début du 19e siècle. Les beys d’Oran, représentants du pouvoir ottoman, cherchaient à étendre leur contrôle sur les régions sahariennes.
C’est probablement à cette époque que fut construit le premier fort dans la région, sur ordre du bey. La tribu des Ouled Nassir fut choisie pour s’installer dans la zone et développer une palmeraie grâce à la source d’eau nouvellement découverte. La région connut alors une certaine prospérité, devenant réputée pour ses figues, ses dattes et son gibier.
La période coloniale française
L’histoire moderne de Béchar commence véritablement avec l’arrivée des Français au début du 20e siècle. En 1903, les troupes françaises établissent un poste militaire dans la région et lui donnent le nom de « Colomb », en l’honneur du général Louis de Colomb qui avait mené une expédition dans la zone en 1870.
Dates clés de la période coloniale :
- 1903 : Création du poste militaire de Colomb
- 1905 : Le nom « Colomb-Béchar » entre dans l’usage courant
- 1904 : Colomb-Béchar devient une commune indigène rattachée au territoire d’Aïn Sefra
- 1930s : La ville gagne en importance et devient le chef-lieu du Territoire d’Aïn-Sefra
- 1957 : Intégration aux départements sahariens français
- 1958 : Colomb-Béchar obtient le statut de commune de plein exercice
Durant cette période, Béchar connaît un développement important, notamment grâce à l’exploitation du charbon découvert en 1907 et à l’arrivée du chemin de fer. La ville devient un centre stratégique pour la présence française dans le Sahara.
L’indépendance et l’époque contemporaine
Après l’indépendance de l’Algérie en 1962, la ville reprend son nom de Béchar. Elle devient le chef-lieu de la wilaya de Béchar, créée en 1974. Depuis lors, Béchar a continué à se développer, s’affirmant comme la principale ville du sud-ouest algérien.
Quelques dates importantes de l’histoire récente de Béchar :
- 1963 : Début de la guerre des sables entre l’Algérie et le Maroc
- 1974 : Création de la wilaya de Béchar
- 2010 : Inauguration de la ligne ferroviaire Oran-Béchar
- 2019 : Création de la nouvelle wilaya de Béni Abbès, détachée de celle de Béchar
Géographie et climat de Béchar
Béchar occupe une position géographique unique, à la lisière du Sahara. Sa situation et son environnement naturel façonnent profondément son identité et son mode de vie.
Situation géographique
Béchar se trouve dans le sud-ouest de l’Algérie, à environ :
- 1 150 km au sud-ouest d’Alger
- 852 km au nord-est de Tindouf
- 80 km à l’est de la frontière marocaine
La ville est considérée comme faisant partie de la région de la Saoura, une vaste zone désertique traversée par l’oued Saoura. Elle se situe à la limite nord-ouest du Sahara algérien, ce qui lui confère un rôle de porte d’entrée vers le grand désert.
Relief et paysages
Le paysage autour de Béchar est caractérisé par une alternance de plaines désertiques et de reliefs montagneux. La ville est entourée de plusieurs chaînes de montagnes qui contribuent à définir son identité visuelle :
- Djebel Antar : Culminant à 1 960 mètres d’altitude, c’est le point le plus élevé de la région
- Djebel Grouz : Une chaîne montagneuse au sud de la ville
- Djebel Béchar : La montagne qui a donné son nom à la ville
Ces reliefs contrastent avec les vastes étendues planes et les dunes de sable caractéristiques du paysage saharien. La région abrite également des oasis et des palmeraies, véritables îlots de verdure dans l’immensité désertique.
Climat
Béchar connaît un climat désertique chaud, typique des régions sahariennes. Les principales caractéristiques de ce climat sont :
- Des étés extrêmement chauds, avec des températures pouvant dépasser les 45°C
- Des hivers doux, les températures nocturnes pouvant parfois descendre près de 0°C
- Une très faible pluviométrie, avec une moyenne annuelle inférieure à 100 mm
- Une forte amplitude thermique entre le jour et la nuit
- Des vents fréquents, parfois violents, pouvant provoquer des tempêtes de sable
Ce climat extrême a façonné l’architecture traditionnelle et le mode de vie des habitants de Béchar, qui ont développé au fil des siècles des techniques adaptées pour vivre dans cet environnement hostile.
Saison | Températures moyennes | Précipitations |
---|---|---|
Été (juin-août) | 35-45°C | Quasi nulles |
Hiver (décembre-février) | 10-20°C | Faibles et sporadiques |
Printemps/Automne | 20-30°C | Très faibles |
Population et démographie
Béchar est la plus grande ville du sud-ouest algérien et un important centre urbain dans le Sahara. Sa population et sa composition démographique reflètent son histoire et son rôle de carrefour culturel.
Évolution de la population
La population de Béchar a connu une croissance significative au cours du 20e siècle, particulièrement après l’indépendance de l’Algérie. Voici quelques chiffres clés de cette évolution :
- 1954 : environ 20 000 habitants
- 1966 : 42 000 habitants
- 1987 : 107 000 habitants
- 2008 : 165 627 habitants
- 2024 : Estimée à plus de 200 000 habitants
Cette croissance rapide s’explique par plusieurs facteurs, notamment l’exode rural, le développement économique de la ville et son rôle administratif en tant que chef-lieu de wilaya.
Composition ethnique et linguistique
La population de Béchar est caractérisée par sa diversité, reflet de l’histoire riche de la région :
- Arabes : Constituant la majorité de la population, principalement issus des tribus qui se sont installées dans la région au fil des siècles
- Berbères : Notamment des Zénètes, présents dans la région depuis des millénaires
- Descendants d’anciens esclaves subsahariens : Témoignant de l’histoire du commerce transsaharien
La langue principale parlée à Béchar est l’arabe algérien, avec des variantes locales. Le berbère est également parlé par une partie de la population, notamment dans certains villages environnants. Le français, héritage de la période coloniale, reste largement compris et utilisé, surtout dans l’administration et l’éducation.
Structure sociale
La société bécharie est marquée par une forte structure tribale, bien que celle-ci tende à s’estomper avec l’urbanisation croissante. Les principales composantes de cette structure sociale sont :
- Les grandes familles traditionnelles, souvent liées aux anciennes tribus nomades
- Une classe moyenne urbaine en expansion, liée au développement du secteur public et du commerce
- Une population jeune importante, reflet de la dynamique démographique de l’Algérie
La ville connaît également des défis sociaux typiques des centres urbains en croissance rapide, notamment en termes de logement et d’emploi pour les jeunes.
Économie et ressources
L’économie de Béchar repose sur un mélange d’activités traditionnelles et modernes, influencées par sa position géographique et son histoire.
Secteurs économiques principaux
Les principaux piliers de l’économie de Béchar sont :
- L’administration publique : En tant que chef-lieu de wilaya, Béchar abrite de nombreuses institutions gouvernementales qui emploient une part importante de la population active
- Le commerce : La ville joue un rôle de plaque tournante pour le commerce régional, notamment avec les zones rurales environnantes
- L’agriculture : Bien que limitée par les conditions climatiques, l’agriculture oasienne reste importante, notamment la culture des dattes
- Le tourisme : Un secteur en développement, axé sur le tourisme saharien et culturel
- L’industrie : Principalement liée à l’exploitation des ressources minérales de la région
Ressources naturelles
La région de Béchar est riche en ressources naturelles, dont l’exploitation a joué un rôle crucial dans son développement économique :
- Charbon : Découvert en 1907, son exploitation a débuté en 1917 et a connu une expansion importante dans les années 1950
- Minerai de fer : Des gisements importants sont présents dans la région
- Hydrocarbures : La prospection pétrolière et gazière est active dans la wilaya de Béchar
L’exploitation de ces ressources a contribué à la modernisation de la ville et à son importance stratégique pour l’économie algérienne.
Défis et perspectives économiques
Malgré ses atouts, l’économie de Béchar fait face à plusieurs défis :
- La diversification économique, pour réduire la dépendance aux hydrocarbures et au secteur public
- Le développement d’un secteur privé dynamique et créateur d’emplois
- L’amélioration des infrastructures pour favoriser les investissements
- La gestion durable
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