Une histoire aussi ancienne que passionnante
L’histoire de Tiaret remonte à la nuit des temps, comme en témoignent les vestiges préhistoriques découverts dans la région. Les gravures rupestres du Kef Boubeker, situées non loin de la ville, attestent d’une présence humaine remontant à plusieurs millénaires avant notre ère.
De l’Antiquité à l’ère islamique
Durant l’Antiquité, la région de Tiaret fut le théâtre de nombreux bouleversements politiques et culturels :
- Période numide : La région faisait partie du royaume des Massyles, une puissante confédération berbère.
- Domination romaine : Au IIIe siècle, Tiaret devient un poste militaire permanent sous le nom de Tingartia.
- Royaume berbère indépendant : Profitant de l’affaiblissement de Rome, une dynastie locale s’affirme et érige les mystérieux mausolées appelés « djeddars » sur la haute Mina aux Ve et VIe siècles.
- Conquête musulmane : La région résiste un temps aux armées arabes avant d’être intégrée au monde islamique.
L’âge d’or rostémide
Le véritable essor de Tiaret débute au VIIIe siècle avec l’arrivée d’Ibn Rustom, un chef ibadite fuyant les persécutions des califes orthodoxes. Accueilli par les tribus locales, il fonde en 761 la ville de Tahert (l’ancienne Tiaret) qui devient la capitale d’un État indépendant :
- Prospérité économique : Tahert devient un important carrefour commercial entre l’Afrique subsaharienne, le Maghreb et l’Europe.
- Rayonnement intellectuel : La ville attire des savants et des étudiants venus de tout le monde musulman, devenant un centre renommé pour l’étude de la théologie et des sciences.
- Tolérance religieuse : Malgré son caractère théocratique, l’État rostémide se distingue par son ouverture aux différentes communautés, y compris juives et chrétiennes.
Cette période faste prend fin brutalement en 909 lorsque les Fatimides s’emparent de la ville et la détruisent, marquant le début d’une longue période de déclin pour Tiaret.
De la domination ottomane à l’ère coloniale
Les siècles suivants voient Tiaret passer sous diverses dominations :
- Royaume de Tlemcen (XIVe-XVIe siècles)
- Empire ottoman (XVIe-XIXe siècles)
- Émirat d’Abdelkader (1832-1843) : Le célèbre résistant algérien fait de Tagdempt (près de l’actuelle Tiaret) sa capitale et y frappe monnaie.
- Colonisation française (1843-1962) : La ville moderne de Tiaret est fondée autour d’un fortin français en 1845.
Géographie et climat : un carrefour stratégique
Tiaret occupe une position géographique particulière qui explique en grande partie son importance historique et actuelle :
Caractéristique | Description |
---|---|
Altitude | 1 083 mètres |
Position | Au sud-est d’Oran, sud-ouest d’Alger |
Région | Hautes plaines de l’Atlas tellien |
Distance de la côte | Environ 150 km |
Un climat continental marqué
Le climat de Tiaret se caractérise par des contrastes saisonniers prononcés :
- Étés chauds et secs avec des températures pouvant dépasser les 35°C
- Hivers froids et rigoureux, le thermomètre descendant parfois sous 0°C
- Précipitations annuelles moyennes entre 300 et 400 mm
Cette rudesse climatique, associée à l’altitude, explique la vocation agro-pastorale de la région, particulièrement adaptée à l’élevage ovin et à la culture céréalière.
Une wilaya aux paysages variés
La wilaya (province) de Tiaret présente une diversité géographique remarquable :
- Au nord : les monts de l’Ouarsenis, culminant à plus de 1 900 mètres
- Au centre : les hautes plaines steppiques
- Au sud : les premiers contreforts de l’Atlas saharien
Cette configuration offre des ressources naturelles variées et des paysages contrastés, allant des forêts de pins d’Alep aux vastes étendues steppiques.
Tiaret aujourd’hui : entre tradition et modernité
Capitale d’une wilaya de plus d’un million d’habitants, Tiaret est aujourd’hui une ville en pleine expansion qui cherche à concilier son riche patrimoine avec les défis du développement moderne.
Une économie diversifiée
Si l’agriculture et l’élevage restent les piliers de l’économie locale, Tiaret a su diversifier ses activités :
- Industrie : Développement de zones industrielles spécialisées dans l’agroalimentaire, les matériaux de construction et la mécanique
- Services : Essor du secteur tertiaire avec l’implantation de banques, d’assurances et d’administrations régionales
- Tourisme : Valorisation progressive du patrimoine historique et naturel de la région
Une ville en expansion
La croissance démographique soutenue de Tiaret se traduit par un développement urbain rapide :
Année | Population (ville de Tiaret) |
---|---|
1987 | 95 821 |
1998 | 148 850 |
2008 | 178 915 |
2023 (estimation) | 235 773 |
Cette croissance rapide pose des défis en termes d’infrastructures, de logements et de services publics que les autorités s’efforcent de relever.
Un pôle éducatif et culturel
Tiaret s’affirme comme un centre intellectuel régional :
- Université Ibn Khaldoun : Fondée en 2001, elle accueille plus de 30 000 étudiants dans diverses disciplines
- Institut d’études nationales : Sa bibliothèque de 25 000 volumes en fait un centre de recherche important
- Musées et sites archéologiques : Valorisation progressive du patrimoine historique de la région
Le patrimoine historique : un atout à valoriser
La région de Tiaret regorge de trésors archéologiques et historiques qui témoignent de son riche passé :
Les djeddars : énigmes de pierre
Situés à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Tiaret, les djeddars constituent l’un des sites archéologiques les plus fascinants d’Algérie :
- 13 monuments funéraires monumentaux datant des Ve et VIe siècles
- Architecture unique mêlant influences berbères, romaines et byzantines
- Symboles du pouvoir d’une dynastie berbère indépendante à la chute de l’Empire romain
Ces pyramides à degrés, dont la plus imposante atteint 46 mètres de côté, restent entourées de mystère quant à leur fonction exacte et leurs commanditaires.
Tagdempt : aux origines de Tiaret
À 9 km à l’ouest de la ville actuelle, le site de Tagdempt recèle les vestiges de plusieurs époques cruciales :
- Ruines de Tahert, la capitale rostémide du VIIIe siècle
- Forteresse édifiée par l’émir Abdelkader au XIXe siècle
Les fouilles archéologiques ont permis de mettre au jour des éléments architecturaux témoignant de la splendeur passée de la cité : mosquées, palais, ateliers de frappe monétaire.
La mosquée El Attik
Au cœur de la vieille ville de Tiaret, la mosquée El Attik est l’un des plus anciens édifices religieux de la région :
- Construction datant de 1470
- Architecture typiquement maghrébine
- Lieu de culte et de rassemblement communautaire important
L’art rupestre : témoignages millénaires
La région de Tiaret abrite plusieurs sites d’art rupestre préhistorique, dont le plus célèbre est celui du Kef Boubeker :
- Gravures datant du Néolithique (entre 6000 et 2000 av. J.-C.)
- Représentations d’animaux (éléphants, rhinocéros, antilopes) et de scènes de chasse
- Témoignages précieux sur la faune et le mode de vie des populations préhistoriques du Maghreb
Le cheval barbe : fierté de Tiaret
Tiaret est indissociablement liée à l’élevage et à la préservation du cheval barbe, une race emblématique de l’Afrique du Nord.
Histoire et caractéristiques du cheval barbe
Le cheval barbe, dont les origines remontent à l’Antiquité, est intimement lié à l’histoire du Maghreb :
- Monture privilégiée de la cavalerie numide, réputée dans tout le monde antique
- Compagnon d’armes d’Hannibal lors de la traversée des Alpes
- Cheval de prédilection de la résistance algérienne face à la colonisation française
Ses caractéristiques en font un animal particulièrement adapté aux conditions difficiles :
- Taille moyenne (1,50 m au garrot en moyenne)
- Robustesse et endurance exceptionnelles
- Tempérament docile et intelligent
- Adaptation remarquable aux climats chauds et secs
La jumenterie de Tiaret : un héritage colonial préservé
Le Haras national de Chaouchaoua, communément appelé « Jumenterie de Tiaret », joue un rôle crucial dans la préservation et l’amélioration de la race barbe :
- Fondé en 1877 par l’administration coloniale française
- Objectif initial : fournir des montures à l’armée française
- Jusqu’à 22 000 poulains produits par an au début du XXe siècle
- Après l’indépendance : reconversion en centre de préservation génétique
Aujourd’hui, bien que réduite en taille, la jumenterie reste un acteur majeur de la filière équine algérienne :
- Élevage et sélection des meilleurs spécimens de chevaux barbes et arabes-barbes
- Centre de formation pour les professionnels de la filière équine
- Organisation de concours et de manifestations équestres
Le cheval barbe : un patrimoine vivant à préserver
Au-delà de son importance économique, le cheval barbe représente un véritable patrimoine culturel pour l’Algérie et le Maghreb :
- Symbole d’identité et de fierté nationale
- Support de traditions équestres séculaires (fantasia, courses)
- Potentiel touristique à développer (randonnées équestres, spectacles)