Guelma : joyau historique et naturel de l’Est algérien

Ali

Nichée au cœur d’une région fertile de l’Est algérien, Guelma fascine par son riche passé millénaire et ses merveilles naturelles. De l’antique Calama aux thermes réputés d’aujourd’hui, découvrons les multiples facettes de cette cité chargée d’histoire qui ne cesse de se réinventer.

Une histoire plurimillénaire

Des origines préhistoriques

L’occupation humaine dans la région de Guelma remonte à la préhistoire. Des vestiges datant du Paléolithique ont été mis au jour, notamment dans la nécropole mégalithique de Roknia. Ce site exceptionnel comprend plus de 3000 dolmens, témoignant d’une importante activité funéraire il y a plusieurs millénaires.

Les archéologues ont découvert de nombreux outils en pierre taillée, pointes de flèches et autres artefacts associés à la chasse et la cueillette. Ces découvertes attestent de la présence de groupes nomades de chasseurs-cueilleurs dès le Paléolithique.

L’époque numide et carthaginoise

À l’époque antique, la région de Guelma faisait partie du royaume numide. La cité portait alors le nom de Malaca et connut son apogée sous le règne du roi Massinissa au IIe siècle av. J.-C. Des inscriptions en caractères libyques retrouvées à Guelma témoignent d’une civilisation développée bien avant l’arrivée des Carthaginois puis des Romains.

La région fut ensuite disputée entre Carthage et Rome lors des guerres puniques. En 110 av. J.-C., une importante bataille opposa près de Guelma les forces romaines du propréteur Aulus Postumius Albinus à l’armée numide du roi Jugurtha.

La période romaine

Après la conquête romaine, Malaca devint Calama et connut un développement important. La cité fut élevée au rang de municipe sous l’empereur Trajan au début du IIe siècle. Elle bénéficia du patronage de Vibia Aurelia Sabina, fille de l’empereur Marc Aurèle.

Calama devint alors l’un des principaux greniers de Rome en Afrique du Nord, aux côtés de Sitifis (Sétif) et Hippo Regius (Annaba). La ville connut une grande prospérité, en particulier sous la dynastie des Sévères aux IIe et IIIe siècles.

De cette époque florissante subsistent d’importants vestiges, dont le magnifique théâtre romain pouvant accueillir 4500 spectateurs. Ce monument est l’un des théâtres antiques les mieux conservés d’Afrique du Nord.

L’époque chrétienne et vandale

Aux IVe et Ve siècles, Calama devint un important centre chrétien. La ville fut le siège d’un évêché, occupé notamment par saint Possidius, biographe et ami de saint Augustin d’Hippone.

En 431, la cité tomba aux mains des Vandales menés par le roi Genséric. Cette invasion marqua le début du déclin de la ville antique.

La période byzantine

Au VIe siècle, Calama passa sous domination byzantine lors de la reconquête de l’Afrique du Nord par l’empereur Justinien. Entre 539 et 544, le gouverneur Solomon fit construire une puissante forteresse pour protéger la cité.

Calama redevint alors un important centre administratif et militaire de la province byzantine d’Afrique. Cette période de renouveau dura jusqu’à l’arrivée des conquérants arabes au VIIe siècle.

L’époque musulmane

La région de Guelma fut islamisée lors des conquêtes arabes du VIIe siècle. La ville, désormais appelée Guelma, fut intégrée aux empires omeyyade puis abbasside.

Au IXe siècle, des tribus arabes comme les Banu Hilal s’installèrent dans la région. Guelma passa ensuite sous la domination de différentes dynasties musulmanes : Aghlabides, Fatimides, Zirides, Hammadides.

La cité conserva un rôle économique et stratégique important en tant que carrefour commercial et culturel. De nombreux édifices religieux et civils furent construits durant cette période.

La période ottomane

Au XVIe siècle, Guelma passa sous domination ottomane et fut intégrée à la régence d’Alger. La ville conserva son statut de centre administratif et commercial important.

Guelma était alors un carrefour stratégique sur les routes commerciales reliant l’intérieur des terres à la côte méditerranéenne. La cité était réputée pour son commerce de produits agricoles, textiles et autres marchandises.

La colonisation française

En 1834, Guelma fut conquise par les Français. Frappé par l’importance stratégique du site, le maréchal Bertrand Clauzel y établit un camp permanent en 1836. C’est l’origine de la ville moderne qui accueillit par la suite plusieurs générations de colons.

La période coloniale fut marquée par des tensions croissantes entre Européens et Algériens. Le 8 mai 1945, une manifestation nationaliste fêtant la victoire contre le nazisme fut violemment réprimée, faisant de nombreuses victimes.

L’Algérie indépendante

Après l’indépendance en 1962, Guelma connut un important développement. La ville devint le chef-lieu d’une nouvelle wilaya en 1974. En 1986, l’université du 8 mai 1945 fut créée, faisant de Guelma un pôle universitaire majeur de l’Est algérien.

Aujourd’hui, Guelma mise sur la valorisation de son patrimoine historique et naturel pour développer le tourisme culturel et thermal.

Géographie et climat

Une situation stratégique

Guelma occupe une position géographique privilégiée au cœur du Nord-Est algérien. La ville se situe à :

  • 60 km au sud-ouest d’Annaba
  • 110 km à l’est de Constantine
  • 60 km de la mer Méditerranée
  • 150 km de la frontière tunisienne

Cette localisation fait de Guelma un carrefour stratégique reliant le littoral (Annaba, El Tarf, Skikda) aux régions intérieures (Constantine, Oum El Bouaghi, Souk Ahras).

Relief et paysages

La ville de Guelma se trouve à une altitude de 290 mètres, au cœur d’une vaste plaine agricole. Elle est entourée de montagnes qui lui ont valu le surnom de « ville assiette » :

  • Le djebel Mahouna au nord
  • Le djebel Dbegh à l’est
  • Le djebel Houara au sud

Cette configuration géographique offre des paysages variés, entre plaines fertiles et reliefs montagneux.

Hydrographie

La région de Guelma est irriguée par d’importants cours d’eau :

  • La Seybouse, principal fleuve de la région
  • L’oued Cherf
  • L’oued Bou Hamdane

Ces ressources hydriques, complétées par plusieurs barrages, permettent une irrigation intensive des terres agricoles.

Climat

Guelma bénéficie d’un climat méditerranéen à tendance semi-aride :

  • Étés chauds et secs
  • Hivers doux et humides
  • Précipitations moyennes : 450 à 600 mm/an
  • Températures moyennes : 11°C en hiver, 25°C en été

Ce climat favorable, associé à des sols fertiles, explique la vocation agricole historique de la région.

Organisation administrative

La wilaya de Guelma

Guelma est le chef-lieu de la wilaya éponyme, créée en 1974. Cette wilaya s’étend sur une superficie de 3686 km² et compte une population d’environ 500 000 habitants.

La wilaya de Guelma est divisée en 10 daïras (districts) et 34 communes :

Daïra Communes
Guelma Guelma, Bendjerrah
Oued Zenati Oued Zenati, Ain Regada, Bordj Sabath
Ain Makhlouf Ain Makhlouf, Tamlouka, Ain Larbi
Bouchegouf Bouchegouf, Medjez Sfa, Oued Fragha
Héliopolis Héliopolis, El Fedjoudj, Bouati Mahmoud
Guelaat Bou Sbaa Guelaat Bou Sbaa, Boumahra Ahmed, Ain Sandel
Hammam Debagh Hammam Debagh, Roknia
Hammam N’bail Hammam N’bail, Dahouara
Khezara Khezara, Beni Mezline, Bouhachana
Ain Hessainia Ain Hessainia, Medjez Amar, Houari Boumediene, Ras El Agba

La ville de Guelma

La commune de Guelma, qui correspond à la ville proprement dite, compte environ 150 000 habitants. Elle s’étend sur une superficie de 57 km².

La ville est divisée en plusieurs quartiers :

  • Le centre-ville, autour de la place du 1er novembre
  • Les quartiers résidentiels : Ain Defla, El Hofra, Oued Maiz
  • Les zones d’extension récentes : 19 juin, 5 juillet, 8 mai 1945
  • Les zones industrielles au nord et à l’est de la ville

Guelma dispose de nombreux équipements et infrastructures :

  • L’université du 8 mai 1945
  • L’hôpital Hakim El Okbi
  • La gare ferroviaire
  • Le stade Souidani Boudjemaa
  • Le théâtre régional Mahmoud Triki

Économie

Une région agricole

L’agriculture reste un pilier de l’économie locale. La plaine de Guelma, irriguée par la Seybouse et ses affluents, est réputée pour sa fertilité exceptionnelle.

Les principales productions agricoles sont :

  • Les céréales (blé dur, blé tendre, orge)
  • Les cultures maraîchères (tomates, poivrons, oignons)
  • L’arboriculture fruitière (oliviers, agrumes)
  • L’élevage bovin et ovin

La wilaya compte également d’importantes surfaces forestières, notamment des chênaies et des pinèdes.

Un tissu industriel diversifié

Guelma dispose d’un secteur industriel en développement, avec plusieurs zones d’activités :

  • La zone industrielle de Boumahra Ahmed
  • La zone d’activités de Belkheir
  • Le parc industriel d’El Fedjouj

Les principales industries présentes sont :

  • L’agroalimentaire (minoteries, huileries, conserveries)
  • Les matériaux de construction (cimenterie, briqueterie)
  • La métallurgie et la mécanique
  • Le textile et la confection
  • L’industrie pharmaceutique

Le développement du tourisme

Le tourisme représente un secteur prometteur pour l’économie de Guelma. La wilaya mise sur plusieurs atouts :

  • Le tourisme thermal, avec les stations réputées de Hammam Debagh et Hammam Meskhoutine
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